20/02/2009

On the road again

Je l'ai. La boîte est là, dans le sac plastique, et je brûle d'envie de l'ouvrir, de découvrir le livret, la petite fiche de présentation des personnages... Mais on est dans le métro, je ne veux pas que les gens voient mon précieux...
Alors j'entrouve juste le sac plastique pour regarder les figurines mimant un combat, bien mises en scène dans leur packaging... Rhaaaa encore 3 stations de métro... Un peu de patience, un peu de patience...

J'entre, pose la boîte sur le canapé, sors un couteau pour couper l'autocollant transparent qui scelle la boîte, et l'ouvre précautionneusement. A l'intérieur, les deux figurines, un petit livret décrivant quelques nouveaux personnages, et la boîte du jeu contenant le petit anime qui va bien.


Malheureusement, je sais bien que je n'ai pas le droit de mettre le jeu dans la console avant samedi, alors je lis le livret, m'imprègne des coups. Feuilleter les pages, c'est comme se frotter les mains dans le sable de l'arène.

Samedi, demain enfin ! Samedi, je ressentirai à nouveau la satisfaction immense du duel, d'enchaîner les coups, de contre-attaquer... De perdre, encore et encore, et de progresser, ressentir le bon timing, comme une respiration intérieure, et vaincre...
Samedi, je retrouverai dans mes mains ces combinaisons que je connais tant, et la même fébrilité qui m'a suivie depuis chaque épisode que j'ai connu, depuis ce jour fatidique où la cartouche s'est enclenchée dans la super nintendo chez ma grand-mère.

Je m'en souviens comme si c'était hier, la machine savait faire des coups spéciaux plus beaux les uns que les autres, et j'avais beau manipuler cette manette que j'avais pour la première fois dans les mains, je ne comprenais pas comment faire de même, le temps s'est arrêté ce jour là, et lorsque je posais la manette, le soir était déjà là.
Ce n'est que plus tard en lisant un vieux Joypad que je découvrirai le concept même de faire glisser mon pouce sur la croix directionnelle... Et la joie de mon premier hadoken complètement maîtrisé. C'était si simple en fait, il fallait y penser. Mais à l'époque, ça me semblait étrange que la machine retienne les enchaînements de touches pour donner des coups différents. Et puis la console est repartie, les duels n'étaient plus possibles, mais je sentais brûler en moi l'envie de me mesurer à d'autres, de me mesurer à la machine, de connaître tous les coups et de les enchaîner de la façon la plus fluide possible...

Mais en ce temps là, les consoles rendaient irrémédiablement stupides, transformaient les enfants en cancres monstrueux et sociopathes et en plus abîmaient les télévisions. Par conséquent, hors de question d'avoir ma propre console à moi. Je jouais donc chez mon cousin, ou sur la nouvelle console de mon oncle : la playstation. Et justement, tandis qu'il me la prêtait gracieusement sous le regard plus que réprobateur de ma mère ("oui maman, après les devoirs seulement, pas le soir, et pas de jeux violents"), je ressortais ma pile de Console + et relisais fiévreusement un article sur le jeu qui occupait chaque petite parcelle de mémoire vive que j'avais alors : Street Fighter Alpha 3.

Je n'avais pas de console, mais j'avais assez d'économies pour me l'offrir. Le jour de la sortie approchant, je demandais à mon père en revenant du travail de passer dans une boutique et de l'acheter contre remboursement. Comme prévu, il est revenu avec un Street Fighter, mais pas le bon. Il avait trouvé Street Fighter EX + Alpha, épisode 3D de la série, avec une jouabilité 2D. Un peu déçu sur le moment, je mis quand même le disque dans la console, et commençais à jouer. Les personnages étaient des tas de polygones, mais on les reconnaissait sans peine. De plus le jeu proposait un large pannel de têtes inconnues, dont la petite Sakura et le sombre Kairi. Je tombais sous le charme, et ne lâchais plus la manette. Je pouvais enchaîner les coups spéciaux comme je le voulais, et combattre jusqu'à plus soif, enfin !


Ce soir là, j'arrivais au stage de Chun Li (avec un magnifique dragon en arrière plan), et au moment où j'allais la vaincre, une boule bleue jaillit de son corps, l'écran se figea un instant avec un petit effet de zoom, et je me pris dans les dents ma première furie, un "super combo" tout en tatanes dans le pif comme elle sait si bien le faire.

J'étais sur le cul. C'était tout simplement le truc le plus classe que j'avais vu jusqu'alors dans un jeu de baston. Une contre-attaque sublime, lancée pile au bon moment, placée à l'instant même où je découvrais ma protection pour lancer ma dernière attaque, au moment où la victoire me semblait acquise. Tout de suite, je me jetais sur le livret de règle, et découvrai la manipulation. Hmmm ok, une barre de charge et deux quarts de cercles vers l'avant suivi d'un coup de pied. J'en bavais pendant un petit quart d'heure avant de réussir ma première furie. Mes pouces s'en souviennent encore. Et surtout, en m'acharnant comme un damné, je m'aperçus rapidement qu'on pouvait annuler un super combo par un autre (la lumière devenait alors jaune) puis par un troisième (lumière rouge) avec un timing diabolique. Cerise sur le gâteau, en finissant votre adversaire de cette façon, l'écran de fin était de plus en plus impressionant, mettant en scène des astéroïdes entrant en collision avec la Terre. Rien que pour pouvoir voir plus souvent cet écran, je martyrisais manettes et tas de polygones.

A ce moment là je passais d'ailleurs énormément de temps chez Greg, un de mes meilleurs amis, qui avait une télévision, une Playstation, deux manettes. Il partageait mon goût des duels et se révélait d'ailleurs un adversaire des plus coriaces. Et c'est lui qui me fournit la clef de l'attaque ultime de quatre des personnages du jeu. En effet, Akuma, Evil Ryu, Kairi et Sakura possédaient tous un super combo particulier que la traduction française hasardeuse du livret appelait "Exécution du tueur de prison" et dont la manipulation à effectuer différait totalement des autres coups. Sur le papier ça semblait plutôt simple, mais je ne parvenais pas à saisir le bon timing, et n'avais aucune indication pour cela. Il m'apprit la technique, nous étions désormais tous deux à armes égales, et jamais les combats n'avaient été aussi tendus. Il connaissait mes enchaînements de prédilection, j'apprenais à anticiper ses coups de fouine. Au-delà du jeu, il y avait une vraie complicité mâtinée de rivalité. Je conserverai toujours en mémoire la saveur de ces après-midi d'été.

Et puis le temps fit son oeuvre, et vers mes 16 ans j'eu pour Noël ma première vraie console à moi, la Dreamcast. Une foule de jeux de baston sur cette petite merveille, et je pus enfin assouvir un vieux fantasme, Street Fighter Alpha 3, qui plus est dans sa plus belle version. Un jeu extrêmement complet, riche, technique, sur lequel je passais au moins autant sinon plus de temps qu'EX + Alpha, ce qui n'est pas peu dire. Malheureusement, pour faire "in" à ce moment là, il fallait jouer en 3D. Je ne trouvais donc aucun vrai rival pour ce jeu, à mon grand regret.


Vint ensuite Street Fighter III Third Strike sur la XBOX. Une animation à coupler le souffle, et le parry pour bloquer parfaitement au prix d'être complètement à découvert en cas de mauvais timing. Et aussi le boss le plus casse-burnes de toute la création (en gros si on le battait alors qu'il avait une barre de charge, bah il ressuscitait, rien que ça). Sublime, mais là encore pas d'adversaires, peu d'émulation.

Et maintenant, samedi, soirée pizza en perspective, et nouvelle pierre à l'édifice de ma quête vers un adversaire digne de ce nom. Et à défaut, je pourrai me tourner vers le LIVE, même si ça ne vaudra jamais un après-midi d'été, le chant du vent et des insectes par la fenêtre ouverte, un grand verre de coca frais, et deux manettes un peu usées.

9 commentaires:

  1. waouh. rendre poétique les jeux vidéo. c'est très bien écrit et touchant d'une certaine manière.

    perso je jouais plus à "tekken 3" chez mes amis, me faisaient rétamer très souvent - ce qui les amusaient beaucoup, connaissant ma susceptibilité. mais je connaissais par cœur le coup spécial de nina et là je les éclatais en un coup, vidage de barre d'énergie. par contre, je n'ai jamais réussi à avoir nina en chanel. sniff.

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  2. C'est dégueulasse que tu ai lu le manuel enfoiré !
    A Samedi, tu vas morfler !

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  3. alors, cette partie de jeu vidéo samedi ??

    ça a donné quoi ?

    t.

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  4. Et bien ça a été vachement bien :)
    Je pense que l'expérience de jeu en elle même fera l'objet d'un autre article, parce qu'il y a beaucoup à dire. Mais la soirée s'est plutôt bien passée, les pizzas étaient bonnes, et je pense que tout le monde s'est bien amusé, même si Aasimar est décidément le roi des excuses à la con quand il perd :p (même si il s'est bien défendu le bougre).
    PS : lire la notice ne donne aucun avantage particulier, surtout si tu as joué aux précédents opus :p

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  5. Espèce de salaud, je t'ai bien flingué la gueule, et j'me suis fait plaiz en ta défoncant avec une fury, mouahahaha !

    Bon ok, sur la fin je suis devenu mauvais, la manette n'était pas réceptive à mon talent, c'est sûr.

    :(

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  6. Si je me souviens bien c'était écrit "perfect" sur l'écran...

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  7. vous refaites le match les gars ? j'amène la bière et la pizza c'est ça ? xD !

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  8. Bah si t'es sur Lille et que tu payes la pizza... :p

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  9. i was just kidding. furthermore, i thought you lived in Paris.

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