Il y a quelques temps, mon confrère et néanmoins estimé voisin Sylf me parlait d'une curieuse secte issue du net. Plus (ou moins ?) qu'une secte, cet effet de mode semblait même avoir donné naissance à une entité nommée anonymous, composée en fait de personnes revendiquant leur anonymat et effectuant des actes en tant qu'anonymous, de la petite blague au pseudo-terrorisme en passant par le hacking.
Cette idée m'a assez fascinée, il s'en est d'ailleurs suivant un dialogue fort intéressant sur irc à propos de ça. Ca m'a d'ailleurs un peu fait penser au fight club sur certains aspects. Une curieuse petite révolution ou une bande de gamins qui jouent ? Bonne question.
Néanmoins, l'idée m'a semblée sympathique, mais pourquoi est-ce qu'aujourd'hui l'anonymat semble attirant alors que tant de gens luttent pour ne plus l'être ?
C'est vrai qu'aujourd'hui, la liberté individuelle est de plus en plus mise à mal, mais quel est ce besoin d'anonymat ?
A tout moment de l'histoire, les anonymes ont existé, effectuant des actes tout aussi anonymes qu'eux, et d'autres bien plus importants.
Cependant, l'anonymat n'existe que par peur d'éventuelles représailles. Dans notre monde "civilisé", est-il normal d'avoir peur ?
Il y a aussi peut-être une volonté de ne pas s'afficher, que je comprends tout à fait, ce n'est pas quelque chose que j'apprécie particulièrement personnellement. Cependant, nous sommes tous anonymes sans nous cacher, noyés dans la masse.
Se dissimuler ne serait-il donc pas un moyen de se faire mieux voir ? D'être plus visible en quelque sorte ? Renier son individualité pour former un tout plus grand et insaisissable ?
Cependant ce qu'il y a de paradoxal dans l'anonymat, c'est qu'il suffit qu'une personne mette tout en oeuvre pour faire sortir une autre personne de l'anonymat, cette dernière, quoi qu'elle fasse, finira de toute façon par revêtir une identité.
Et si cela arrive souvent, c'est parce que l'anonymat, constamment utilisé comme défense face à des forces extérieures, devient rapidement le repère de gens peu scrupuleux, du moins pour l'ordre existant. Ce qui était le repère de l'impartialité et du contre-pouvoir nécessaire semble être devenu l'apanage des corbeaux et autres individus peu scrupuleux. Telles les deux faces d'une pièce, Anonymous, pour porter des coups d'épée dans l'eau ou des coups de poignards dans le dos ?
Je suis anonyme sans l'être, je suis anonyme sans être anonymous. Anonymous, c'est je pense une création collective née de la peur de voir notre destin contrôlés par d'autres. Mais Anonymous n'y changera rien, même si je comprends parfaitement les gens qui essaient. Etre anonyme tout en échangeant des idées, c'est un rapport basé sur la confiance entre plusieurs parties. Et la partie est déjà truquée...
Constamment, nous sortons de l'anonymat pour les mauvaises personnes et redevenons anonymes aux yeux de ceux et celles que nous côtoyions pourtant la minute d'avant. Tous ces gens croisés au quotidien qui nous oublient, tous ces amis à portée d'un clic ou d'un coup de fil, mais que la gêne ou le temps nous rendent lointains et anonymes.
Si la lutte pour notre anonymat nous conduit d'ores et déjà vers une impasse, celle de notre non-anonymat, du contact avec de vraies personnes et leur identité propre ne connait que les impasses que nous batissons nous-même. Par auto-apitoiement ou par amour du mélodrame, tous les jours nous laissons pourrir des liens pourtant précieux, qui ne demandent pas grand chose pour retrouver leur éclat.
Il suffit juste parfois d'un petit signe, de regarder la personne et de dire "je sais que tu existes, je sais qui tu es" pour éviter un goût d'amertume dans la bouche. Si on peut mettre des livres entiers dans une clé usb, on doit bien avoir assez de mémoire pour réussir à mettre un sourire dans un coup de fil.
M'sieur Nono, merci d'avoir décroché, même après ces mois sans nouvelles. Merci de m'avoir reconnu, même si j'ai mûri. Merci d'être resté le même, et d'avoir changé. Merci d'avoir remonté le temps sans fermer la porte à l'avenir. Merci
Cette idée m'a assez fascinée, il s'en est d'ailleurs suivant un dialogue fort intéressant sur irc à propos de ça. Ca m'a d'ailleurs un peu fait penser au fight club sur certains aspects. Une curieuse petite révolution ou une bande de gamins qui jouent ? Bonne question.
Néanmoins, l'idée m'a semblée sympathique, mais pourquoi est-ce qu'aujourd'hui l'anonymat semble attirant alors que tant de gens luttent pour ne plus l'être ?
C'est vrai qu'aujourd'hui, la liberté individuelle est de plus en plus mise à mal, mais quel est ce besoin d'anonymat ?
A tout moment de l'histoire, les anonymes ont existé, effectuant des actes tout aussi anonymes qu'eux, et d'autres bien plus importants.
Cependant, l'anonymat n'existe que par peur d'éventuelles représailles. Dans notre monde "civilisé", est-il normal d'avoir peur ?
Il y a aussi peut-être une volonté de ne pas s'afficher, que je comprends tout à fait, ce n'est pas quelque chose que j'apprécie particulièrement personnellement. Cependant, nous sommes tous anonymes sans nous cacher, noyés dans la masse.
Se dissimuler ne serait-il donc pas un moyen de se faire mieux voir ? D'être plus visible en quelque sorte ? Renier son individualité pour former un tout plus grand et insaisissable ?
Cependant ce qu'il y a de paradoxal dans l'anonymat, c'est qu'il suffit qu'une personne mette tout en oeuvre pour faire sortir une autre personne de l'anonymat, cette dernière, quoi qu'elle fasse, finira de toute façon par revêtir une identité.
Et si cela arrive souvent, c'est parce que l'anonymat, constamment utilisé comme défense face à des forces extérieures, devient rapidement le repère de gens peu scrupuleux, du moins pour l'ordre existant. Ce qui était le repère de l'impartialité et du contre-pouvoir nécessaire semble être devenu l'apanage des corbeaux et autres individus peu scrupuleux. Telles les deux faces d'une pièce, Anonymous, pour porter des coups d'épée dans l'eau ou des coups de poignards dans le dos ?
Je suis anonyme sans l'être, je suis anonyme sans être anonymous. Anonymous, c'est je pense une création collective née de la peur de voir notre destin contrôlés par d'autres. Mais Anonymous n'y changera rien, même si je comprends parfaitement les gens qui essaient. Etre anonyme tout en échangeant des idées, c'est un rapport basé sur la confiance entre plusieurs parties. Et la partie est déjà truquée...
Constamment, nous sortons de l'anonymat pour les mauvaises personnes et redevenons anonymes aux yeux de ceux et celles que nous côtoyions pourtant la minute d'avant. Tous ces gens croisés au quotidien qui nous oublient, tous ces amis à portée d'un clic ou d'un coup de fil, mais que la gêne ou le temps nous rendent lointains et anonymes.
Si la lutte pour notre anonymat nous conduit d'ores et déjà vers une impasse, celle de notre non-anonymat, du contact avec de vraies personnes et leur identité propre ne connait que les impasses que nous batissons nous-même. Par auto-apitoiement ou par amour du mélodrame, tous les jours nous laissons pourrir des liens pourtant précieux, qui ne demandent pas grand chose pour retrouver leur éclat.
Il suffit juste parfois d'un petit signe, de regarder la personne et de dire "je sais que tu existes, je sais qui tu es" pour éviter un goût d'amertume dans la bouche. Si on peut mettre des livres entiers dans une clé usb, on doit bien avoir assez de mémoire pour réussir à mettre un sourire dans un coup de fil.
M'sieur Nono, merci d'avoir décroché, même après ces mois sans nouvelles. Merci de m'avoir reconnu, même si j'ai mûri. Merci d'être resté le même, et d'avoir changé. Merci d'avoir remonté le temps sans fermer la porte à l'avenir. Merci
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