24/03/2008

Lovesongs

Week-end, campagne, froid ? Même pas.
Soleil, neige, vent, neige, soleil, nuit, jour, tout s'enchaîne, vite, trop vite, le temps de ne rien faire, je suis déjà dans le train du retour.

Avec cette chanson dans la tête, à réfléchir à des choses sans rapport.

Lovesongs, they kill me,
They kill me, now.
..

Les nuages défilent, le soleil décroît déjà, mais mes pensées restent bloquées sur mon après-midi.

Une heure, je n'ai passée qu'une heure avec toi. Ce qui m'a choqué quand je suis entré dans la maison, c'est ton visage. Vieux, fripé, maigre, si maigre. Tu as perdu énormément de poids depuis la dernière fois. Et tout le monde papote, joyeux brouhaha. Il me semble apercevoir du sang sous ta narine droite. Comme les autres, je reste naturel. C'est dur.

Tu me parles, mais je t'entends mal. Je réponds, à côté de la plaque peut-être. Qu'importe, j'ai croisé ton regard, et j'ai vu le reflet de la pièce, peuplé de fantômes et de grands enfants. Pour toi plus que quiconque, cette maison doit te sembler si vide maintenant, comment fais-tu ? Je quitte ton regard, gêné d'y avoir vu le peu de détresse que ta fierté n'a pas réussi à masquer. Apparemment, tu es fatiguée. Ton fils te porte jusqu'au lit, et te borde. Je ne l'avais jamais vu faire cela avant, où alors cela ne m'avait pas tant marqué. Je ne me sens pas à ma place, mal à l'aise. Je n'ai pas le temps de rester, l'horloge inexorable annonce l'heure du départ.

Je m'approche du lit, pour te dire au revoir. Tu as l'air si fragile. Toi fragile ? Une part de moi trouve cela si improbable, en d'autres circonstances je crois que je rirais... Tu me reposes une question... Je n'entends toujours pas, pourquoi je ne t'entends pas ? Tes lèvres ont bougé, le son est sorti, mon cerveau n'interprète rien... Que se passe-t-il ? J'attrape un œuf en chocolat et je fais le con. Ca je sais faire. Tu souris, et là comme au ralenti, j'entends distinctement tes paroles.

"J'espère que la prochaine fois ça ira mieux"
"Moi aussi j'espère" Que je réponds. Rien trouvé de mieux. Est-ce des adieux ? Pourquoi ai-je soudainement cette impression curieuse d'être loin de mon corps et de voir un automate dire au revoir à ma grand-mère ? Pourtant je suis encore dans tes yeux. Et là je vois que tu as pensé la même chose que moi. Cette incertitude. Le même ton que lorsque j'ai entendu il y a si longtemps
"Bonjour mon poussin"

M'enfuir, vite, changer d'air avant d'entendre le hurlement de douleur qui bourdonne encore dans ma tête d'enfant. On expédie les au revoir, je suis à l'air libre. Redoutant un cri... rien... Le passé ne se reproduit pas.

Lovesongs are killing me,
Are killing me, right now...


Je suis un monstre, un trouillard, je ne sais même pas ce que je suis. Je prends mon train en espérant me faire des films, comme d'habitude.

S'il te plait, fais moi mentir, reste encore avec nous. Ce serait injuste que tu partes. Tu es une bourrique, l'une des personnes les plus têtues de cette planète, et pourtant tu m'as si bien accepté... après une prise de bec mémorable certes, mais je ne suis pas ton petit-fils pour rien...
Qui dira à Kristof qu'il a encore grossi si tu t'en vas ?


Il est tôt, beaucoup trop tôt. Je ne suis pas encore prêt. Je suis égoïste, j'assume. Je veux pouvoir être triste quand tu partiras. Je me fous que les autres partent, pour toi je veux être triste, ne pas être un automate, ne pas hausser les épaules et passer à autre chose comme je le fais d'habitude. Laisse moi le temps d'être triste...


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