Sons diffus qui résonnent encore dans mes tympans, de rires et de cris, de musique et de respirations, je suis pourtant seul dans ma chambre.
Allongé sur mon lit d'enfant, la pièce est fraîche et sombre, alors que mes volets peinent à empêcher le soleil estival d'entrer.
Mon regard se noie dans l'étrange lueur qui baigne ma chambre, hagard, en quête de repère.
Le monde tourne, tourne, tourne, éthylique et instable. Je ferme les yeux et le noir m'éblouit, je tombe alors que je suis déjà allongé. Il vaut mieux les laisser ouvert pour le moment.
La lumière qui filtre dessine des vagues sur le papier peint usé par le temps et des conneries de gosses.
Aucune pensée, seul un bourdonnement incessant, un rythme qui ne me quitte pas, des images diffuses, la musique de la nuit blanche qui me rattrape.
Je sens une vague odeur de transpiration mêlées à l'odeur de la fumée froide, de mon parfum et de ceux d'inconnus. Je cherche dans ma mémoire leurs visages, à tout ceux et celles avec qui j'ai passé la nuit, ces nuits, mais les visages s'effacent, seuls les corps et les actes comptent.
La musique dans ma tête s'amplifie, tribale dans mon souvenir, même si je sais pertinement qu'elle l'est beaucoup moins en vrai.
Ma tête se balance légèrement au souvenir diffus d'une soirée probablement mémorable mais finalement comme tant d'autre, démarrée par le même inlassable rituel.
Le choix des vêtements, le rasage de près, la coiffure calculée à la goutte de gel près, les capotes dans la poche même si on sait qu'elles ne serviront pas ce soir, puis la marche vers le lieu du vice.
On salue les videurs, une bouteille gratos c'est toujours ça de pris, puis on entre. Tout le monde se dévisage, à la fois gêné et suffisant. Jeunes coqs, perdre la face est inconcevable. Heureusement, la pénombre cache le malaise des moins forts, et la musique limite les discussions à des platitudes de gamin.
C'est l'heure de jouer les hommes, les bouteilles arrivent. Comme d'habitude, la soirée commence sur un whisky cul-sec, montrer qu'on tient, quoiqu'il arrive, puis un deuxième, voire un troisième.
Le rire vient rapidement, et la musique nous appelle peu après. Déjà passablement éméchés, la vue devient floue, peu importe, entre les fumigènes, les spots et les stroboscopes, voir ne sert plus qu'à grand chose.
La soirée ne devient plus que sensations, la musique dicte les mouvements du corps, on ferme les yeux, pendant des secondes, des heures, on plane sur des boîtes à rythme et des sons artificiels et lointains. Le monde se sépare, entre la réalité hésitante et les couleurs dans nos yeux. Personne ne s'arrête, même si le corps fait un peu mal, et que j'aurai mieux de prendre d'autres pompes. Il pleut, condensation dégueulasse de tous ces corps qui veulent oublier le monde.
Puis la musique se fige, le quart d'heure des slows attendus par certains et redoutés par d'autres arrive. La vacuité du monde te revient dans la gueule, heureusement une demoiselle timide te demande si tu veux bien danser avec elle.
Plutôt mignonne, mais on s'en fout on l'oubliera demain. On tourne lentement sur un air sirupeux, elle te dit des phrases sans importances à l'oreille pendant que tu fais en sorte de ne pas avoir l'air con tout en zyeutant discrètement comment se débrouillent les autres.
Elle approche sa tête, tu l'embrasses en espérant faire ça bien, pas pour moi, un peu pour elle, rien que pour te dire que toi aussi tu es un homme. Elle me regarde et ça me gêne, je ne sais même pas qui tu es ni ton nom, je veux juste me dire que je suis comme les autres. Je ferme les yeux, mauvaise idée. Le monde ne tourne pas à la même vitesse dans ma tête.
Fin des slows, l'épreuve est passée. On reste ensemble un moment, elle rejoint ses copines en me souriant, je rejoins mes copains qui me charrient un peu, ça fait du bien, ça me rassure. Elle a déjà disparu et je ne la reverrai sûrement jamais, qu'importe. La musique reprend, et je retrouve la joie de ne plus faire attention aux autres, comme avant ces slows sordides, et tous autour de moi semblent partager ce soulagement. Le temps passe, la musique baisse, le soleil se lève et nous rentrons à pied au milieu de la campagne, crevés et heureux, riant des maladresses des autres. Je retrouve enfin mon lit et m'affale dessus, sans quitter mes vêtements.
Je n'ai strictement aucune idée de pourquoi je me souviens maintenant de ce genre de soirées. Il y en a eu énormément, toutes basées sur le même modèle de soirée préfabriquée. Beaucoup de souvenirs et peu d'anecdotes au fond.
Je suppose que comme pas mal de chose cela me manque, plus que la soirée en elle-même, le sentiment d'abandon qui allait avec. L'excitation aussi, d'aller en boîte avant sa majorité, de faire comme les grands, de faire comme les autres. Peut-être tout bêtement d'être un autre de temps en temps...
Allongé sur mon lit d'enfant, la pièce est fraîche et sombre, alors que mes volets peinent à empêcher le soleil estival d'entrer.
Mon regard se noie dans l'étrange lueur qui baigne ma chambre, hagard, en quête de repère.
Le monde tourne, tourne, tourne, éthylique et instable. Je ferme les yeux et le noir m'éblouit, je tombe alors que je suis déjà allongé. Il vaut mieux les laisser ouvert pour le moment.
La lumière qui filtre dessine des vagues sur le papier peint usé par le temps et des conneries de gosses.
Aucune pensée, seul un bourdonnement incessant, un rythme qui ne me quitte pas, des images diffuses, la musique de la nuit blanche qui me rattrape.
Je sens une vague odeur de transpiration mêlées à l'odeur de la fumée froide, de mon parfum et de ceux d'inconnus. Je cherche dans ma mémoire leurs visages, à tout ceux et celles avec qui j'ai passé la nuit, ces nuits, mais les visages s'effacent, seuls les corps et les actes comptent.
La musique dans ma tête s'amplifie, tribale dans mon souvenir, même si je sais pertinement qu'elle l'est beaucoup moins en vrai.
Ma tête se balance légèrement au souvenir diffus d'une soirée probablement mémorable mais finalement comme tant d'autre, démarrée par le même inlassable rituel.
Le choix des vêtements, le rasage de près, la coiffure calculée à la goutte de gel près, les capotes dans la poche même si on sait qu'elles ne serviront pas ce soir, puis la marche vers le lieu du vice.
On salue les videurs, une bouteille gratos c'est toujours ça de pris, puis on entre. Tout le monde se dévisage, à la fois gêné et suffisant. Jeunes coqs, perdre la face est inconcevable. Heureusement, la pénombre cache le malaise des moins forts, et la musique limite les discussions à des platitudes de gamin.
C'est l'heure de jouer les hommes, les bouteilles arrivent. Comme d'habitude, la soirée commence sur un whisky cul-sec, montrer qu'on tient, quoiqu'il arrive, puis un deuxième, voire un troisième.
Le rire vient rapidement, et la musique nous appelle peu après. Déjà passablement éméchés, la vue devient floue, peu importe, entre les fumigènes, les spots et les stroboscopes, voir ne sert plus qu'à grand chose.
La soirée ne devient plus que sensations, la musique dicte les mouvements du corps, on ferme les yeux, pendant des secondes, des heures, on plane sur des boîtes à rythme et des sons artificiels et lointains. Le monde se sépare, entre la réalité hésitante et les couleurs dans nos yeux. Personne ne s'arrête, même si le corps fait un peu mal, et que j'aurai mieux de prendre d'autres pompes. Il pleut, condensation dégueulasse de tous ces corps qui veulent oublier le monde.
Puis la musique se fige, le quart d'heure des slows attendus par certains et redoutés par d'autres arrive. La vacuité du monde te revient dans la gueule, heureusement une demoiselle timide te demande si tu veux bien danser avec elle.
Plutôt mignonne, mais on s'en fout on l'oubliera demain. On tourne lentement sur un air sirupeux, elle te dit des phrases sans importances à l'oreille pendant que tu fais en sorte de ne pas avoir l'air con tout en zyeutant discrètement comment se débrouillent les autres.
Elle approche sa tête, tu l'embrasses en espérant faire ça bien, pas pour moi, un peu pour elle, rien que pour te dire que toi aussi tu es un homme. Elle me regarde et ça me gêne, je ne sais même pas qui tu es ni ton nom, je veux juste me dire que je suis comme les autres. Je ferme les yeux, mauvaise idée. Le monde ne tourne pas à la même vitesse dans ma tête.
Fin des slows, l'épreuve est passée. On reste ensemble un moment, elle rejoint ses copines en me souriant, je rejoins mes copains qui me charrient un peu, ça fait du bien, ça me rassure. Elle a déjà disparu et je ne la reverrai sûrement jamais, qu'importe. La musique reprend, et je retrouve la joie de ne plus faire attention aux autres, comme avant ces slows sordides, et tous autour de moi semblent partager ce soulagement. Le temps passe, la musique baisse, le soleil se lève et nous rentrons à pied au milieu de la campagne, crevés et heureux, riant des maladresses des autres. Je retrouve enfin mon lit et m'affale dessus, sans quitter mes vêtements.
Je n'ai strictement aucune idée de pourquoi je me souviens maintenant de ce genre de soirées. Il y en a eu énormément, toutes basées sur le même modèle de soirée préfabriquée. Beaucoup de souvenirs et peu d'anecdotes au fond.
Je suppose que comme pas mal de chose cela me manque, plus que la soirée en elle-même, le sentiment d'abandon qui allait avec. L'excitation aussi, d'aller en boîte avant sa majorité, de faire comme les grands, de faire comme les autres. Peut-être tout bêtement d'être un autre de temps en temps...
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